RETROUVEE


En 25 avant Jésus-Christ, le géographe grec Strabon visite Alexandrie et en rédige une description assez complète. En se fondant sur ce texte, sur les recherches archéologiques et sur les plans établis d'après ces données, Jean-Claude Golvin, architecte, directeur de recherche au CNRS, a proposé récemment une restitution évocatrice d'Alexandrie à l'époque de Strabon. Depuis les fouilles terrestres et sous-marines en cours ont fait progresser notre connaissance de la cité antique et elles ont déjà permis d'affiner ou de corriger certains éléments de ce dessin.



Alexandrie, deuxième ville du pays avec plus de trois millions d'habitants, capitale de l'Égypte depuis l'arrivée des Grecs jusqu'à celle des Arabes, est l'un des ports les plus importants de la Méditerranée. Traversée par plusieurs cultures, Alexandrie est une ville mythique; son phare, l'une des Sept Merveilles du monde antique (avec les pyramides de Giza), fait toujours rêver. Née de l'ambition démesurée d'un général macédonien aux cheveux blonds, Alexandre, puis résidence officielle des Lagides, devenue seconde ville de l'Empire romain avec l'étrange dynastie des Ptolémées, Alexandrie fut au IIIe siècle avant notre ère, la plus grande cité de la Méditerranée orientale.



Héritière de l'hellénisme, la nouvelle ville sut créer sa propre personnalité à partir d'une rencontre subtile entre la culture grecque et la culture égyptienne. Elle sut aussi réunir des richesses monumentales comme le phare, la bibliothèque, des monuments luxueux, les palais royaux du quartier de Bruchéion. Certains témoignages du passé ont survécu, d'autres viennent à peine d'être découverts. Malgré son cosmopolitisme intellectuel et commercial - Strabon la surnomma "le comptoir du monde" - Alexandrie eut pour vocation de rester extérieure à l'Égypte pharaonique et demeura Alexandrea ad Aegyptum, marginale de l'Égypte.



Ville de va-et-vient, Alexandrie demeura une ville libre, ouverte au monde et jusqu'à la moitié de ce siècle, une ville polyglotte, un carrefour de rencontres pour des peuples venus de rivages voisins et même plus lointains. L'écrivain anglais Lawrence Durell qui y vécut, la surnomme "capitale de la mémoire". À la recherche de son passé, Alexandrie semble fouiller ses origines depuis quelques années par des campagnes archéologiques entreprises dans le sous-sol de la ville et au fond des eaux de ses deux ports. On peut en effet regretter que les villes arabe et moderne, installées à l'exact emplacement de la cité antique aient supprimé l'Alexandrie d'Alexandre et de Cléopâtre. Sculptures monumentales, mosaïques raffinées, délicates terres cuites, catacombes aux fresques éblouissantes, nécropoles secrètes (comme celle de Gabbari décrite par Strabon), découverte en construisant une autoroute reliant le port à la route du Caire), jaillissent du sol comme par miracle, et ce n'est qu'un début.



Alexandrie est une ville passionnante; il est regrettable que les voyageurs qui parviennent en Égypte par avion et directement au Caire, méconnaissent cette petite capitale, souvent absente des programmes de visites organisées. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, à l'époque des grands paquebots de croisière, elle représentait pour le visiteur qui y parvenait par mer, un premier contact avec le pays. Certes, la ville n'est pas aussi étendue que Le Caire; elle ne regorge pas, comme la capitale, marquée par le Nil, d'antiquités pharaoniques, de prestigieux monuments islamiques, de grands musées, mais elle commence à redécouvrir sa gloire antique grâce à de dynamiques missions archéologiques. Construite à l'emplacement d'un ancien port égyptien placé entre mer et marais, sur un isthme étroit constitué d'une langue de sable qui sépare les eaux saumâtres du lac Maréotis (Mariout) de celles de la Méditerranée, la ville reste méconnue et pleine de surprises, comme la plupart des ports de l'Antiquité. Alexandrie est une ville plaisante pour y séjourner avec des hivers relativement doux, un ciel souvent bleu, de belles plages de sable fin (à éviter toutefois l'été à cause de la foule), des stations balnéaires bien équipées et de bons restaurants de poisson frais. Elle demeure une grande ville culturelle avec un important Musée gréco-romain et d'intéressants monuments antiques.



Souvent dénommée "la perle de la Méditerranée", Alexandrie a conservé son caractère à la fois oriental et occidental avec deux grands ports, de larges artères bor­dées de palmiers, une longue cor­niche ornée d'immeubles modernes, qui s'étend sur plus de trois kilomètres, sans compter le pittoresque exotique de ses petites ruelles commerçantes aux souks colorés.



Depuis la construction de l'heptastade, presqu'île reliant l'île de Pharos à la terre ferme, Alexandrie est entourée par deux ports. Le pittoresque vieux port situé à l'ouest, nommé autrefois Eunostos ou "le bon retour", date des Ptolémées. Il ne sert plus que pour la pêche ou pour la navigation de plaisance. Le grand port (Portus magnus), plus moderne (900 ha), situé à l'est, fut le grand port de l'Antiquité; c’est là qu'Antoine fit construire le Timonion, transformé en rade semi-circulaire bordée de la promenade favorite des Alexandrins. Ce port est à présent destiné à la navigation commerciale et aux navires de croisières. Il est protégé par la presqu'île de Pharos et un môle qui s'avance, avec la pointe Silsileh, assez loin dans la mer.



Grâce à ses ports, Alexandrie a pu devenir un nœud commercial important entre l’Orient et l’Occident. Les quotations du coton, principale marchandise d’exportation, se faisaient autrefois à la bourse d’Alexandrie. Dans la ville et surtout dans sa banlieue, se sont installées plusieurs industries importantes d’Égypte : usines de tissage de coton, de métallurgie, fabriques de conserves alimentaires (poisson). S’y ajoutent un grand complexe pétrochimique, la raffinerie de pétrole de Midor, la station de pompage de Toshka qui irriguera la Nouvelle Vallée, un oléoduc de la société Sumed…Plus de 60% des importations et exportations du pays passent aujourd’hui par cette ville.



Le site d'Alexandrie vu du Nord-Ouest, depuis la mer vers le lac (vers 300-280 av J.-C). Aquarelle de J.-C Golvin, modifiée (l'île d'Atrhodos et de Timonium ont été placés conformément à la récente carte de l'IEASM). La localisation de certains monuments sélectionnés ici est encore sujet à discussion.



Porte de la Rosette
Canal Canopique
Les Remparts
Voie Canotique
Quartier Delta
Citerne el-Nabi
Cap Lochias
Le Port royal
Timonium
Le Grand port
Phare
Antirhodos
Césaréum
La Bibliothèque
Le Musée
Arsinoeion
Heptastade
Port d'Eunostos
Sérapéum
Nécropolis


Le Phare d'Alexandrie



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