![]() |
Reconstitution de la grande bibliothèque d'Alexandrie ![]() |
La bibliothèque d'Alexandrie, fondée à Alexandrie, en Égypte, en 288 avant notre ère et définitivement détruite au plus tard entre 48 avant notre ère et 642 après, est la plus célèbre bibliothèque de l'Antiquité et réunissait les ouvrages les plus importants de l'époque. La bibliothèque faisait partie d'un ensemble plus vaste nommé le Mouseîon dédié aux Muses, les neuf déesses des arts. La librairie acquiert rapidement de nombreux rouleaux de papyrus grâce à la politique volontariste des rois ptolémaïques, on estime leur nombre entre 40 000 et 400 000 à son apogée. |
Alexandrie ressemble à la ville de Pella par son emplacement proche d'une rivière, accueillant un palais royal et le siège du système administratif, des éléments qui aident Alexandre à développer sa ville. Elle devient la capitale de l'Égypte à la place de Memphis. Ayant reçu l'Égypte en partage à la mort d'Alexandre le Grand en 323 avant notre ère, Ptolémée, un de ses généraux, devenu roi sous le nom de Ptolémée Ier Sôter, s'attache à faire d'Alexandrie la capitale culturelle du monde hellénistique, à même de supplanter Athènes. En 288 avant notre ère, Démétrios de Phalère, qui a dirigé Athènes de 317 à 307 avant notre ère, exilé à Alexandrie et disciple d'Aristote, persuade le roi d'Égypte de le laisser construire un édifice qui pourrait rassembler toutes les oeuvres historiques, poétiques et philosophiques connues. Il fait construire le Musée d'Alexandrie (Museîon, le « palais des Muses »), abritant des activités d'enseignement et de recherche, ainsi qu'une bibliothèque3 (estimée à 400 000 volumes à ses débuts, et jusqu'à 700 000 au temps de César5,6). Située dans le quartier du Bruchium près des palais royaux (basileia) — Épiphane de Salamine la place au Broucheion7 —, celle-ci a pour objectif premier de rassembler dans un même lieu l'ensemble du savoir universel. La constitution du fonds s'opère essentiellement par achat, mais également par saisie ou ruse : Ptolémée aurait ainsi demandé à tous les navires qui faisaient escale à Alexandrie de permettre que les livres contenus à bord soient recopiés et traduits ; la copie était remise au navire, et l'original conservé par la bibliothèque. Ce mode d'acquisition, dénommé le « fonds des navires », est l'ancêtre du dépôt légal, par l'intervention de la puissance publique conjuguée à la reconnaissance du livre comme patrimoine commun. Le fonds s'enrichit également par la copie d'exemplaires acquis ou prêtés. La bibliothèque ne commence à fonctionner que sous Ptolémée II Philadelphe qui, selon Épiphane, aurait demandé « aux rois et aux grands de ce monde » qu'ils envoient les oeuvres de toutes les catégories d'auteurs et aurait fixé un objectif de 500 000 volumes. Le livre est ainsi considéré comme un instrument de pouvoir au service de la monarchie. L'esprit de cette politique sera poursuivi par les successeurs de ces rois, notamment Ptolémée V, qui interdit même l'exportation de papyrus égyptien, afin que la bibliothèque d'Alexandrie n'ait pas de rivale dans le monde. |
![]() |