Chercheur encore ému par ce souvenir. Les dépouilles étaient entièrement recouvertes de textiles colorés. Au cours d 'une manipulation, un pan de tissu a été soulevé et une partie du visage s'est trouvée dégagée. Ce fut un choc pour tous. L'enfant avait l'air d'avoir été sacrifié la veille. La peau était juste bleuie par le froid. Ce sont les momies incas les mieux conservées que j'ai vues de toute ma vie. ".C'est en 1954 que fut découverte la première momie des Andes. Plutôt que de momie, il faut d'ailleurs parler de corps gelé, conservé par le froid extrême de ces sommets. En 1954, donc, des chasseurs de trésors découvrent au sommet du Cerro del Plomo, au Chili, la dépouille d'un garçonnet dont le corps est recouvert d'une tunique en laine de lama et dont le visage porte des traces de pigments rouges et jaunes. Une poupée en argent, entièrement habillée et ornée d'une coiffe de plumes ainsi qu'un lama. d'or se trouvent à proximité de la sépulture. Ce corps n'est que le premier d'une longue et macabre liste. Pichu Pichu, Sara Sara, Ampato, Mont Misti, au Pérou, Quehuar, en argentine: Les cimes de la cordillère des Andes ont livré en tout une quinzaine de dépouilles, la plupart ces quatre dernières années. L'importance de ces découvertes prouve que les Incas se sont livrés à de nombreux sacrifices dans ces montagnes. Il semble d'ailleurs que les pratiques de meurtres rituels, malgré l'interdiction qui les frappera dès le début de la conquête espagnole, en 1532, seront encore en vigueur au début du XX siècle ". Ces rites ont sans doute été liés à des époques de famine, d'épidémie, de défaites militaires explique Johan Reinhard. Les Incas pensaient que seuls des êtres purs pouvaient atteindre rapidement le royaume des dieux et satisfaire ainsi leurs insatiables exigences. Les enfants sacrifiés devaient être parfaits. La moindre marque ou anomalie physique les disqualifiait pour le supplice suprême. Si l'on en croit Abbot Cristobal de Molina, chroniqueur de l'époque, les prêtres incas sacrifiaient plutôt des garçons et des filles de noble extraction. L'immolation avait souvent lieu après les célébrations du solstice d'hiver et d'été, des fêtes qui duraient une dizaine de jours. Bien sur, remarque l'archéologue, ces pratiques nous semblent aujourd'hui cruelles, mais pour les Incas, ces enfants entraient dans un monde divin. " Bien des questions restent encore sans réponse. Pourquoi avoir fait grimper des enfants à de telles altitudes? Pour se rapprocher de l'astre suprême? Cette explication semble loin d'emporter l'adhésion des chercheurs. Depuis peu, Johan Reinhard s'est mis à collecter des informations auprès des descendants des Incas, lesquels vénèrent toujours les montagnes. De nos jours ils y déposent des offrandes, qu'ils appellent apus. |
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