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La possession
Si le chamanisme, ou voyage mystique de l'âme qui rivalise avec les dieux, caractérise avant tout les populations mongoliques et amérindiennes, la possession est plus spécialement africaine. On peut y déceler deux types principaux. Le premier voit le sujet envahi par une puissance hostile, dangereuse, qu'il faut rejeter par exorcisme ou simplement neutraliser. Ainsi les Thonga (Afrique du Sud) craignent-ils d'être possédés par les " esprits ancestraux " des Zulu, leurs voisins. La maladie, et notamment la maladie mentale, a souvent une telle origine. Le second, au contraire, procède de l'épiphanie, la puissance qui possède, exalte et enrichit le possédé tandis que l'exorcisme cède la place à l'adorcisme, fait qu'il est loisible de retrouver chez les Songhay (Niger), les Yoruba (Nigeria), les Éthiopiens de Gondar.
Certes, les deux formes s'expriment souvent du moins avant l'intervention du groupe social qui extirpe l'âme étrangère (premier cas) ou consacre sa présence (deuxième cas) par des comportements semblables (désordres psychomoteurs, hystérie, catalepsie, hébétude, mutité ou loghorrée, etc.) et, dans les deux situations, la collectivité se sent également concernée tant il est vrai que le bien et le mal ne s'attachent que rarement à l'individu isolé. Toutefois, théologiquement, la distinction est importante. L'adjonction d'une âme nouvelle provoque la désorganisation totale ou partielle de la personnalité dans la " possession maléfique ", mais accélère sa promotion, la vivifie dans la " possession bénéfique ".
La possession avec ou sans transe, qu'elle soit attitude mystique, technique thérapeutique (selon le schéma: possession X exorcisme X fixation du génie dans un autel X adorcisme) ou pure théâtralité, déborde le domaine ici étudié, puisque l'individu " habité " ou " monté ", comme disent les Hausa (Niger), peut l'être par une autre entité que le défunt.
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