En arrosant ses plantes, un membre de la C.I.A., maniaque du détecteur de mensonges, découvre que ses philodendrons ressentent des émotions... Sa découverte fera le tour de monde et bouleversera notre regard habituel sur le monde végétal. On ne peut plus offrir de fleurs sans craindre de faire souffrir celles-ci. Par contre, en usant de douceur avec les carottes, on stimule leur croissance.




Cleve Backster est un ancien employé de la C.I.A. Sa spécialité : les détecteurs de mensonges, ces machines qui enregistrent toutes les variations de la pression sanguine, de la respiration et de l'équilibre du corps d'un sujet au moment où on l'interroge, ainsi que la conductivité électrique de sa peau. Ce dernier phénomène a été observé pour la première fois au XIXe siècle par Charles Samson Féré et il est connu des psychologues sous le nom de "réflexe psychogalvanique" ou de "réponse électrodermique". C'est un moyen très fin pour détecter tous les changements émotionnels. On place deux électrodes sur les doigts d'un sujet et toutes les variations électrothermiques de son organisme sont transmises à une plume qui les aligne sur un diagramme. Cleve Backster est insomniaque. Une nuit, il s'amuse à brancher un détecteur de mensonges sur une de ses plantes, de l'espèce Dracaena massangeana, pour voir comment celle-ci réagirait quand il l'arroserait. Normalement, la conductivité des feuilles aurait dû être renforcée par la diffusion de l'eau dans les tissus. Première surprise : c'est l'inverse qui se produit. La conductivité décroît. Deuxième surprise : tout se passe comme si la plante se laissait aller, se relaxait, comme si elle ressentait du plaisir après cet arrosage... Cleve Backster décide qu'un tel phénomène mérite une étude approfondie. il se demande comment la plante réagirait si on menaçait son bien-être. Il trempe la feuille sur laquelle il a branché une électrode dans une tasse de café chaud qu'il vient de se servir. Rien ne se passe. Il cherche alors à employer les grands moyens et se dit qu'il va brûler la feuille avec une allumette. Avant même qu'il ait fait le moindre geste, la plume enregistreuse du détecteur de mensonges fait un bond ! Backster n'y prête pas attention et part dans la cuisine chercher des allumettes. A son retour, il constate que le tracé du détecteur de mensonges a enregistré un bond supplémentaire. Si l'électrode avait été branchée sur un être humain, une telle réaction aurait traduit une sérieuse appréhension. Mais, curieusement, quand il craque son allumette et qu'il l'approche de la feuille, la réaction est nettement plus faible. Et, quand la feuille commence à grésiller sous la flamme, la réaction est nulle...



Un philodendron, plante d'appartement promue soudain à la notoriété de vedette de laboratoire


Cleve Backster
Pour l'ancien de la C.I.A., il n'y a qu'une explication : la plante a pu lire dans ses pensées. Elle s'est montrée capable de distinguer entre une pensée réelle et une menace potentielle. Décidément, pour lui, il est temps d'engager une recherche approfondie. Il s'agit, tout d'abord, d'éliminer les sources d'erreur. Le détecteur n'est-il pas défectueux ? La plante n'a-t-elle pas réagi ainsi par hasard ? Pendant des mois, Cleve Backster poursuit ses recherches et enquête sur un grand nombre de plantes, en utilisant un matériel le plus diversifié possible. Ses conclusions, provisoires, demeurent stupéfiantes ; le phénomène persiste avec la feuille, même quand elle est détachée du corps de la plante ! Il y a mieux. Les plantes paraissent réagir à d'autres personnes, voire à d'éventuelles menaces, comme l'arrivée soudaine d'un chien dans la pièce. Pour Cleve Backster, les plantes sont même capables de prévoir les mouvements d'une araignée. Enfin, leurs émotions peuvent les terrasser : les plantes de Backster n'ont jamais réagi devant un scientifique canadien que ses recherches obligeaient à faire passer des plantes dans une étuve. Menacées ou se sentant menacées, "mes plantes s'évanouissaient", affirme l'ancien agent secret.


Les tracés enregistrés sur papier, ont révélé que les plantes pouvaient avoir des émotions.
Sa première hypothèse s'oriente vers une explication touchant à la perception extrasensorielle; encore faudrait-il que les plantes aient un système nerveux ou, au moins, des "sens". Le terme de P.E.S. était donc inadéquat. Par contre, il ne fait pour lui aucun doute que ses plantes possèdent une sorte de "conscience de base". Il invente, pour désigner celle-ci, le terme de perception primkire. Mais Cleve Backster va plus loin et revient finalement à la destination initiale du détecteur de mensonges. L'expérience est passionnante. Il demande à six personnes de tirer un morceau de papier au hasard. Un seul de ces papiers désigne "l'assassin" potentiel. Seul celui qui l'a tiré le sait. Les autres l'ignorent. "L'assassin" doit profiter d'un moment ou le laboratoire est désert pour détruire deux plantes sur trois. Ce qui est fait. On branche alors la plante survivante sur un détecteur et on fait défiler les six personnes devant elle. Cinq d'entre elles ne provoquent pas de réaction particulière. La sixième fait bondir la plume enregistreuse, qui se comporte de façon incohérente. Très scrupuleux, Backster admettra pourtant qu'un relent de culpabilité, transmis par télépathie, a pu troubler la plante. De son côté, "l'assassin" devait affirmer n'avoir ressenti aucun complexe de cet ordre-là.

A la suite de ce résultat, Cleve Backster entreprend de persuader quelques policiers de la valeur de son test. Dans une affaire criminelle, au cours de laquelle une jeune fille a été trouvée assassinée dans une pièce où se trouvaient deux plantes vertes, il demande à brancher celles-ci sur un détecteur et à faire défiler devant elle les principaux suspects. Il ne se produira cependant aucune réaction, ce qui peut s'expliquer par le fait que le criminel n'était peut-être pas dans le groupe des suspects. Backster n'en tentera pas moins de faire passer un texte de loi destiné à protéger les plantes, considérées comme "témoins matériels d'homicides". Petit à petit, l'ancien de la C.I.A. étend le champ de ses recherches. Il constate que son philodendron favori, celui qui est l'objet de toute son attention et risquons le mot de tout son amour, peut réagir à des émotions à plus de 24 km de distance. Le fait d'enfermer la plante dans une cage de Faraday Ce qui empêche la diffusion de toutes les ondes radio ou dans une cage de plomb à l'abri des émissions radioactives ne change rien à l'expérience. Un jour, Backster se coupe le doigt en manipulant des plantes dans son laboratoire. Au moment où il badigeonne sa blessure avec de la teinture d'iode, le détecteur de mensonges réagit. Là, deux hypothèses : soit le tracé a été influencé par la réaction de la plante à la douleur de son maître; soit il a été causé par la réaction de la plante à la destruction d'autres cellules vivantes. Nouveau problème, nouvelles expériences. Cleve Backster en arrive à la conclusion que les organismes unicellulaires (amibes, cellules sanguines, levure ou même sperme) sont, eux aussi, doués de perception primaire et capables de produire des tracés caractéristiques sur le diagramme du détecteur.

Le tracé historique du 2 février 1966, obtenu quand Cleve Backster a simplement pensée de brûler une des plantes. Peut-on parler de télépathie?

Appareil à détecter les émotions des philodendrons.



Appareils enregistreurs imaginés par Cleve Backster pour prouver que ses plantes pouvaient réagir à la mort de cellules vivantes.
Après un an de recherches, Cleve Backster commence à se préoccuper de publier ses travaux. Il craint cependant le scepticisme et décide de s'entourer d'ultimes précautions avant de présenter ses thèses au grand public. Pour convaincre les milieux scientifiques, il imagine une expérience où il n'y aura aucun engagement humain et, par conséquent, aucun risque d'influence dans un sens ou dans un autre. Comme ses plantes réagissent nettement à la destruction d'autres cellules vivantes, backster met au point un appareil qui lâche, le manière aléatoire, de minuscules crevettes dans de l'eau bouillante à certains moments et, à d'autres, de la matière inanimée. Trois, philodendrons, branchés sur trois détecteurs, participent à l'expérience. Un quatrième appareil enregistre les éventuelles fluctuations du courant électrique qui alimente les autres instruments. Le but de l'expérience est de montrer qu'il y a, de la part des philodendrons, une perception intuitive, indépendante de toute réaction humaine et marquée sur le diagramme, face à chaque cas de destruction de matière vivante.

Les résultats paraîtront, en 1968, dans l'International Journal of Parapsychologie; Les plantes avaient bien réagi quand les crevettes étaient tuées. Et elles s'étaient bien abstenues de réagir quand la machine jetait dans l'eau de la matière inanimée. Ce ne pouvait pas être un hasard. Par contre, à cette époque-là, il ne vint à l'idée de personne que le mécanisme même du choix aléatoire de la machine conçue par Backster ait pu influencer les diagrammes... L'aventure du psychisme des plantes éclate alors au grand jour. Backster devient brusquement célèbre. Les magazines du monde entier viennent faire des reportages dans son laboratoire. Des milliers de savants lui demandent une copie de son volumineux rapport de recherches. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?




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