Depuis la nuit des temps, le loup a toujours terrorisé l'homme. Mais le loup-garou bien davantage. De tous temps, en effet, les hommes se sont mis à apercevoir et à craindre ces fameux et effrayants loups-garous. En France, ce phénomène a connu une ampleur hors du commun. Savez-vous qu'aux XV ème et XVI ème siècles, une véritable psychose a régné dans toutes les campagnes françaises ? Plus de 30000 individus ont alors été jugés par des tribunaux et près d'une centaine exécutée parce qu'ils auraient commis des crimes sous l'apparence d'un loup-garou ! Et cet animal fabuleux qui affola, au XVIII ème siècle, les populations du Gévaudan (nom ancien de la région qu'on appelle aujourd'hui la Lozère), était-ce un loup-garou ? Cette Bête du Gévaudan, réputée diabolique et invulnérable, résistera pendant trois ans à toutes les expéditions villageoises et à toutes les battues officielles. Pendant cette période, la bête aurait massacré près d'une centaine de personnes (principalement des femmes et des enfants) et ne sera abattu qu'en juin 1767. Depuis on raconte que là où la Bête tomba, l'herbe n'a jamais repoussé.....

La bête du Gévaudan


Déjà, au V ème siècle avant notre ère, Hérodote relate que les Grecs qui s'établirent sur les bords de la mer Noire considéraient les habitants de ces contrées comme des magiciens fort habiles, capables de se métamorphoser à volonté. L'historien grec parle d'une race d'hommes ayant le pouvoir de se transformer en loup et de reprendre, lors qu'ils le désirent, leur apparence humaine. On croyait, en ces temps lointains, que ces étranges mutations étaient le fait d'êtres humains anthropophages qui, par la pratique de la magie, prenaient l'apparence d'un loup pour satisfaire plus facilement leurs appétits monstrueux.
Les Anciens, dont les mythologies parlent d'hommes-loups, disaient que cette métamorphose permettait d'acquérir la force et la ruse d'une bête sauvage, mais que le loup- garou conservait voix et regard humains - ce à quoi, d'après eux, on pouvait d'emblée le distinguer d'un animal ordinaire.
Les romains, eux aussi, attribuaient ces métamorphoses à la magie, et Virgile, au 1er siècle avant notre ère, mentionne cette croyance, ainsi que Properce. Et plus tard, Pétrone, qui joua un rôle prépondérant à la cour de Néron, raconte une savoureuse histoire de loup-garou dans son célèbre roman picaresque, le Satiricon.


Le processus de la métamorphose varie notablement : parfois, la transformation est aussi soudaine qu'incontrôlable. Quelquefois, il suffit à celui qui veut changer de forme de revêtir la dépouille d'un animal pour prendre son aspect (c'est cette tradition que l'on retrouve dans les sagas norvégiennes et irlandaises). Bien souvent encore, le loup-garou apparaît comme tel aux yeux de ses contemporains grâce à un charme secret : ils le voient sous l'aspect d'une bête sauvage, alors qu'en réalité il n'a pas changé. Cette croyance était si profondément enracinée en Europe à le fin du Moyen Ages et pendant la Renaissance que les loups-garous étaient considérés à l'égal des sorciers et des magiciens. Quiconque était soupçonné de se transformer en loup - ou dénoncé comme tel- était impitoyablement brûlé ou pendu (et ce, plus particulièrement encore en France et en Allemagne). Dans son ouvrage The psychoses (1970), Elton Mc Neil décrit ainsi cette époque d'hystérie traversée par les hallucinations collectives et les délires mystiques : " Ce type de comportement a son origine, en partie dans la croyance que " Dieu commence par apporter à la folie à ceux qu'il veut punir ". La folie,en tant que manifestation de la volonté divine, devient contagieuse. La persécution religieuse dont sont victimes les déments et les psychotiques contribue à raffermir la foi des âmes pures et innocentes : ceux qui dénoncent les suppôts du diable s'attirent la clémence divine. La chasse aux sorcières est ainsi l'un des moyens du salut. "


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Une autre erreur largement répandue est celle qui conduit à assimiler les loups-garous aux lycanthropes. La lycanthropie est un cas pathologique. On désigne sous le nom de lycanthrope un malade mental atteint d'une psychose particulière : il se croit, à tous égards, transformé en loup, mais ne subit aucune transformation physique. Notons qu'au XV ème et XVI ème siècle, on croyait que le pelage des loups-garous se développait sous leur épiderme. Et plus d'un lycanthrope a prétexté de cet argument pour expliquer que ses semblables le voyaient toujours comme un être humain.


Le loup-garou relève en revanche de la tradition fantastique. Il s'agit d'un homme qui, grâce à des pouvoirs particuliers - qu'ils soient ou non magiques -, se métamorphose en loup et qui, de ce fait assume tous les caractères que l'on attribue à cet animal : puissance musculaire, agilité, ruse et férocité, et ce au grand dam de ceux qui croisent son chemin. Cette forme animale peut être temporaire ou définitive. Lorsque peter Stump, loup-garou notoire, fut supplicié à Cologne en, 1589, il avait auparavant révélé au tribunal, dans les moindres détails, les épisodes de sa métamorphose. Nous serions enclins aujourd'hui à la considérer comme un illuminé et à juger excessive la crédulité de ses juges. Il n'en demeure pas moins qu'il avait de la sorte tué, dépecé et dévoré des centaines de victimes, tant animales qu'humaines - bien qu'en ce qui concerne ces dernières, il n'en ait jamais avoué que seize. Il semble tout aussi certain qu'il s'agisse d'un malade mental atteint de lycanthropie.




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