Le suaire de Turin, aussi connu sous le nom de linceul de Turin, est un drap en lin ancien qui montre l'image d'un homme présentant les traces de tortures physiques correspondant à un crucifiement. Il est conservé dans la chapelle royale de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin en Italie.
Pour certains, il s'agit d'une contrefaçon médiévale ou de l'œuvre d'un artiste réalisée à des fins de dévotion ou de tromperie. Pour d'autres, le drap serait une relique, le Saint-Suaire, linceul ayant recouvert Jésus de Nazareth lorsqu'il fut mis au tombeau. Parmi eux, certains attribuent d'ailleurs à l'apparition de son image sur les fibres une origine miraculeuse.
Au XIVe siècle, l'évêque de Troyes Henri de Poitiers déclarait déjà que ce linceul était un faux, en rappelant que les Évangiles ne mentionnent pas cet objet. Il interdit les ostensions en 1370. Un de ses successeurs, Pierre d'Arcis, pensait de même: En 1389, il était soutenu dans sa démarche par le roi de France Charles VI. Désavouant Pierre d'Arcis, l'antipape Clément VII en autorisa le culte en 1390 avec quelques restrictions.
L'Église catholique, propriétaire du linceul, ne s'est jamais prononcée officiellement sur l'authenticité du drap, elle considère:
• que le suaire n'ajoute rien à la foi chrétienne,
• que la Foi n'est pas du domaine de la preuve
• que le suaire, s'il est authentique, peut seulement prouver que le Christ est mort comme le racontent les Évangiles et ne prouve pas sa résurrection qui est le fondement de la foi chrétienne. Elle a toutefois accepté les résultats de la datation par le carbone 14 effectuée en 1988, qui conclut à un âge médiéval (1260-1390). Cette datation a été très rapidement contestée par les partisans de l'authenticitén, tant sur la validité de l'échantillon que sur le principe et la méthode de datation par le carbone 14 pour une telle pièce. Cependant, l'« imprécision » du carbone 14 invoquée par les tenants de ces théories n'est en réalité que de plusieurs dizaines d'années. Enfin, la possibilité d'une falsification des analyses est aussi évoquée mais a moins de défenseurs.
En octobre 2009, une équipe de scientifiques italiens dirigée par Luigi Garlaschelli, professeur de chimie à l'université de Pavie, déclare avoir réussi à reproduire le linceul de Turin en utilisant des techniques du XIVe siècle, confirmant la datation au carbone 14 déjà connue depuis 1988.
Le suaire de Turin est la pièce archéologique la plus étudiée de l'histoire. Aujourd'hui, l'intérêt pour cet objet demeure. En 1998, Jean-Paul II a qualifié le linceul de « provocation à l'intelligence » et a invité les scientifiques à poursuivre leurs recherches.
Le suaire de Turin fait l'objet de débats très approfondis et parfois houleux. Ces débats portent sur la datation par le carbone 14, mais aussi sur son histoire avant 1357, sur la présence de sang et ses conséquences, sur les inscriptions présentes sur le linceul, sur la présence de pièces de monnaie, sur l'étude des pollens, sur les conditions de restauration, etc.